Faut il prendre des compléments alimentaires ?

J’aurais pu intituler ce papier : vous faites-vous rouler dans la farine par l’industrie du complément alimentaire ? Ou alors : Vous voyez ce que ça donne que d’essayer de se faire du bien avec des vitamines alors que les médicaments sont là pour ça ?

Avant de passer quelques jours en France cet été, je n’avais par réalisé combien ce sujet divise la population française. Ici, la moitié des adultes américains, dont 70% des personnes âgées de 65 ans et plus, prennent des multivitamines. Je n’ai pas les mêmes chiffres pour la France, mais on sait que plus de 4 français sur 10 estiment que les compléments alimentaires devraient être remboursés parce qu’ils leur permettent de lutter contre une alimentation déséquilibrée.Quand on leur demande pourquoi ils les prennent, c’est pour prévenir et ralentir certains problèmes de santé.

Alors, ont ils tort ? Ont-ils raison ? La prise de multivitamines est-elle vraiment une bonne idée? Est-ce que cela augmentera votre durée de vie ou réduira le risque de maladie? 

Il y a déjà eu pas mal de publications à ce sujet, mais je n’ai pas encore lu quoi que ce soit qui viennent de personnes qui ont une expérience ou une expertise en la matière. Pendant mon passage en France cet été, j’ai noté qu’une émission était programmée sur le sujet, mais j’aurais pu jurer sans l’avoir vue que tout son contenu allait vers une seule direction : prouver que les compléments alimentaires étaient sinon dangereux, en tout cas, inutiles.

Pourquoi pas… en même temps, il y a compléments alimentaires et compléments alimentaires, et en ce qui me concerne, c’est comme dans tous les produits : il y a à jeter et à garder. On ne peut pas faire de généralité.

Et encore une fois : qu’attendons nous des compléments alimentaires ?

Il est intéressant de considérer la dernière étude publiée dans les Annals of Internal Medicine : les chercheurs ont examiné les données d'environ 31 000 participants. Ils ont constaté qu'un apport suffisant en éléments nutritifs provenant des aliments réduisait le risque de décès, mais que des éléments nutritifs supplémentaires n'avaient pas le même effet (de mon coté, j’encourage toujours mes élèves et clients à prendre des compléments qui vont agir sur leur capacité d’absorption et de digestion, pas à prendre des vitamines isolées, sauf dans certains cas).

Rappelons nous que l'absorption excessive de certains nutriments supplémentaires, tels que le calcium, augmente le risque de décès. Comme je l’explique dans mes livres et principalement dans l’Equilibre de l’Immunité, je pense que nous devrions tirer le plus grand nombre possible des nutriments des aliments.

Personnellement, je ne prends pas de multivitamines parce que je m’efforce de consommer mes vitamines sous une forme liquide via des jus frais faits maison. Cependant, j’ai recours à des oligo éléments et à des herbes en gélules pour agir sur des déséquilibres particuliers. Lorsque mes enfants se sont cassés quelque chose, je leur ai donné des compléments alimentaires pour augmenter leur capacité d’absorption et garantir une bonne cicatrisation osseuse en moins de temps de d’ordinaire (ce qui a d’ailleurs épaté le personnel du service orthopédique). Vous ne pouvez tout simplement pas vous dire : je n’ai pas besoin de prendre du temps à faire des courses et à faire attention à ce que je mange parce que j’ai des multivitamines pour compenser ! Effectivement, dans ce cas de figure, vous faites tout faux. C’est une autre façon de tomber dans la trappe de la pilule miracle (qui n’existe pas, rappelons le). Mais cela signifie-t-il qu’il ne faut jamais avoir recours à la supplémentation ? Non. Bien sûr que non.

Dans une étude sur les multivitamines, Examine.com a suggéré que certaines populations pourraient profiter de multivitamines, comme celles qui risquent de souffrir de carences nutritionnelles et ne sont pas en mesure de modifier leur régime alimentaire (par exemple, les femmes enceintes, les prisonniers qui subissent les menus des prisons, les personnes âgées et les personnes suivant un traitement calorique). A mon avis, réduire la prise de compléments alimentaires à des multivitamines est très très réducteur. Je les trouve en général ridiculement mal dosées, surtout si on ne s'adresse pas à des spécialistes pour se les procurer.

Souvent, il suffit de très peu de choses pour changer la vie de quelqu'un... On sait qu’il suffit de donner des omégas 3 sous forme d’huile de lin à des enfants incarcérés pour violence pour que rapidement leur comportement s’améliore. On sait aussi qu’il suffit de donner de la Niacine à haute dose à un bipolaire pour que ses crises cessent… Mais je doute que ce type de population ait fait partie du panel de l’étude publiée par Examine.com.

Je voudrais revenir sur la qualité des vitamines en question. La plupart des études n'ont aucun moyen d'évaluer la différence entre les personnes qui prennent des multivitamines de haute qualité avec des doses suffisamment élevées et / ou celles qui utilisent des produits bas de gamme avec des doses sub-thérapeutiques et / ou les mauvaises formes de nutriments. Au-delà des multivitamines, il existe également une place pour ce que j'appelle la «supplémentation sélective». C’est ce que je pratique avec mes clients, et cela concerne des cas bien précis, tels que : Corriger une déficience identifiée par des tests en laboratoire. Cela arrive très souvent chez ceux qui souffrent d'une maladie auto-immune; en particulier ceux qui prennent des médicaments tous les jours : en effet, les médicaments ont besoin de vos nutriments pour être métabolisés.

En d'autres termes : les médicaments vous volent vos nutriments. J'ai tout un livre écrit par une psychiatre qui s'est penchée sur la question et qui indique au lecteur quels sont les nutriments qu'il doit prendre sous forme de suppléments pour compenser le vide causé par ses médicaments et ainsi éviter de rendre son état plus compliqué à long terme.

Prendre des suppléments de manière sélective n’est pas la même chose que de prendre la première bouteille de multivitamines trouvée sur une étagère pour tenter d’échapper aux effets d’un mauvais régime alimentaire. C’est pourquoi la moutarde me monte au nez face aux titres ridicules qui prétendent que «les suppléments sont inutiles» et qui ont tendance à faire surface après la publication d’études comme celle-ci. Je ne peux qu'en déduire qu'il s'agit de journalistes qui cherchent à écrire quelque chose de politiquement correcte tout en faisant sensation dans le public le plus large et le moins éduqué. Le pactole. Dire que les suppléments sont inutiles revient à dire que tous les produits disponibles dans les supermarchés sont délicieux et bons pour la santé.

De même qu’aller confier une dizaine d’huiles essentielles sans étiquettes et trouvées dans le rue à une personne qui n’en a jamais utilisé est la garantie de l’entendre conclure que « les huiles essentielles sont dangereuses parce qu’elle a voulu en avaler pour voir et ça l’a rendue malade », prendre des multivitamines histoire de tenter de se faire du bien quand on n'a pas le temps de s'occuper de soi n'est pas forcément la solution. Certains suppléments sont utiles, certains sont neutres et certains sont nocifs. Certaines personnes en ont besoin, d’autres non. Comme d'habitude, tout dépend de la qualité, de la dose et de la pertinence de la prise.

Soyons intelligents et informés… par l’expérience. Pas uniquement par ce qui est publiés dans les journaux bien pensants.

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